
Quand la dissidence vient de l’intérieur : Léon Theiller Onana sonne la révolte au RDPC par Pharel Ateba, Journaliste
juillet 2, 2025Le climat politique camerounais se tend à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Si les contestations de l’opposition sont attendues, c’est désormais dans les rangs mêmes du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) que souffle un vent de fronde. En témoigne le communiqué explosif de Léon Theiller Onana, conseiller municipal et militant déclaré du parti au pouvoir, qui appelle ouvertement les membres du gouvernement à « rejoindre le changement ». Une sortie aussi audacieuse que déstabilisante pour la majorité présidentielle.
Dans un ton grave, presque messianique, Léon Theiller ne se contente pas de dénoncer les dérives de « l’ancien régime » ; il enjoint les élites actuelles à rompre avec une gouvernance fondée, selon ses mots, sur « l’impunité et le trafic d’influence ». Ce n’est plus une critique périphérique, mais bien une attaque frontale contre le système en place et ses survivances, désignant implicitement le chef de l’État comme un patriarche « corrompu par le pouvoir ». Dans un parti traditionnellement structuré autour d’une loyauté verticale et d’un culte de la discipline, cette déclaration publique frôle l’acte de rupture.
En choisissant de publier son appel à quelques mois du scrutin, Léon Theiller joue une carte risquée mais stratégique : celle d’un « réveil de l’intérieur ». Il capitalise sur les récentes démissions gouvernementales pour appeler à une contagion du désaveu. Ce discours peut cristalliser un malaise latent au sein du parti présidentiel, surtout parmi les jeunes générations qui aspirent à un renouvellement profond. Il interpelle aussi les électeurs : la contestation du système ne vient plus seulement de l’opposition, mais d’une fracture interne qui pourrait rebattre les cartes de la présidentielle.
Le RDPC est-il en train de s’effriter sous son propre poids ? L’appel de Léon Theiller, inédit dans sa forme et son fond, ouvre une séquence politique inédite. Si d’autres voix osent suivre, le débat autour de la succession et de la légitimité pourrait enfin émerger au grand jour. En attendant, une chose est sûre : la machine du changement semble désormais s’ébranler là où on l’attendait le moins.
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