Entre passion et raison, les Etats arctiques se coordonnent

Entre passion et raison, les Etats arctiques se coordonnent

mai 8, 2019 0 Par MBOLO Team

« L’Arctique a toujours été un écosystème fragile et sa protection est réellement notre responsabilité à tous » a déclaré le secrétaire d’Etat américain Michael R. Pompeo, lors de la 11ème session du conseil ministériel des Etats de l’Artique, tenue hier le 7 mai à Rovaniermi en Finlande. Cependant, cette région revêt des enjeux socio-économiques importants, que les états arctiques et/ou leurs partenaires multilatéraux semblent décidés à maîtriser.

Enjeux autour de l’Arctique

Tout comme nous le montre l’image en illustration, Wikipedia nous permet d’avoir une bonne représentation géographique de l’Arctique. En effet, cette région est celle entourant le pôle Nord de la Terre, à l’intérieur et aux abords du cercle polaire arctique. Elle s’oppose à l’Antarctique, au sud. Elle comprend huit pays qui forment le Conseil de l’Arctique à savoir : la Norvège, la Suède, la Finlande, la Russie, les Etats Unis (en Alaska), le Canada, le Danemark (au Groenland) et l’Islande.

Enjeux environnementaux

On appelle banquise la couche de glace qui se forme à la surface d’une étendue d’eau par solidification des premières couches. En 2012, la banquise arctique a continué de se rétracter, jusqu’à diminuer à une surface de 3,41 millions de km2. Soit une chute d’environ 45% depuis 1979 à la même période. Cette fonte est l’un des effets remarquables des changements climatiques sur notre planète.

Par ailleurs, des polluants organiques persistants (POP) s’accumulent de façon dangereuse dans cette région. Leur présence s’explique par la direction des courants marins et atmosphériques, et par les très basses températures qui favorisent la condensation des POP et ralentissent à la fois leur dégradation et leur dispersion. C’est au vu de leur toxicité, que les Nations Unies ont banni la production et l’utilisation de 12 d’entre eux dont des dérivés chlorés (PCB) et le DDT qui est un insecticide utilisé dans la lutte contre les moustiques transmettant diverses maladies. Ce fut dans le cadre de la convention de Stockholm que l’on peut retrouver ici et . Elle a été adoptée le 22 mai 2001 et est entrée en vigueur le 17 mai 2004.

Au quotidien, on retrouve ces composants dans les produits ignifuges à base de composés fluorés ou bromés utilisés en électronique. Ainsi que dans les peintures et même dans les herbicides. Lesquels s’accumulent progressivement dans les organismes des mammifères marins qui y vivent.

Enjeux financiers

La fonte de la banquise et le dégel des terres offrent des perspectives de navigation permanente sur l’océan Arctique. Celui-ci constitue actuellement la plus grande réserve mondiale d’hydrocarbures. Il attise de ce fait les convoitises des grandes compagnies pétrolières. Les Etats riverains tiennent à y marquer leur présence. Ainsi, des missions scientifiques s’y sont succédées dans le but d’identifier des réserves jusque-là inexplorées, de quelque 90 milliards de barils de pétrole (13% des réserves inexplorées) et encore davantage de gaz (30%) en 2008.

Voici à titre d’illustration, la Russie en prospection dans ce territoire tant prisé :

Extraits de quelques prises de paroles

Des essais scientifiques qui devraient profiter à tous les peuples

Extrait issus de la traduction de l’allocution originale en anglais du secrétaire d’Etat américain Pompeo :

« […] Lorsque les États-Unis présidaient ce Conseil, les États arctiques ont signé un accord de coopération scientifique visant à favoriser la circulation des chercheurs, de l’équipement et des données entre les différents pays. […] Cela renforce notre capacité à coopérer sur des essais scientifiques qui profiteront à tous les peuples, depuis l’amélioration de la météorologie jusqu’à l’étude de l’espace ou l’approfondissement de nos connaissances sur la planète et les ressources du sous-sol. »

Une préparation effective pour pallier à de possibles incidents

Extrait issus de la traduction de l’allocution originale en anglais du secrétaire d’Etat américain Pompeo :

« Nous avons également mené des exercices conjoints pour nous préparer à de possibles incidents de pollution pétrolière océanique. Enfin, nous avons augmenté nos capacités et notre degré de préparation en vue d’opérations de recherche et de sauvetage en mer, ce qui a déjà contribué à sauver des vies. »

Des états non arctiques pointés du doigt  

Extrait issus de la traduction de l’allocution originale en anglais du secrétaire d’Etat américain Pompeo :

« […] Le nouvel intérêt des États-Unis pour l’Arctique met la priorité sur une coopération étroite avec nos partenaires autour des questions émergentes, notamment l’accroissement de la présence et des ambitions de nations non arctiques dans la région. […] l’administration Trump est comme vous profondément engagée vis-à-vis de la mission de conservation de l’environnement. En effet, c’est l’une des raisons pour laquelle les activités chinoises, qui ont causé des dommages environnementaux à d’autres régions, continuent à nous inquiéter dans la zone arctique. » 

La Chine dément le calcul géopolitique

Le Porte-parole du ministère chinois des Affaires, Geng Shuang :

« Nous ne faisons pas de calculs géopolitiques et ne cherchons pas à constituer de petits cercles fermés aux autres […] La Chine a toujours participé aux affaires de l’Arctique avec une attitude ouverte, coopérative et visant les bénéfices mutuels. »

Les engagements environnementaux établis devraient être respectés

Extrait issus de la traduction de l’allocution originale en anglais du secrétaire d’Etat américain Pompeo :

« […] Bien que nous n’ayons pas ratifié l’objectif collectif de réduction du carbone suie, il n’empêche que les États-Unis ont récemment rapporté la plus importante réduction des émissions de carbone suie de tous les États du Conseil de l’Arctique. Nous jouons notre rôle et encourageons les autres États à en faire autant, et à le faire de façon tout à fait transparente. »

Le volet climatique omis du texte final 

Le chef de la diplomatie finlandaise Timo SOINI lors d’une conférence de presse :

« Je ne veux pas blâmer qui que ce soit, Mais, bien sûr, il est clair que les questions climatiques sont différentes selon les points de vue et selon les capitales ».

Sécurité alimentaire en danger

James Stotts du Conseil circumpolaire inuit, une ONG représentant certaines communautés autochtones vivant dans l’Arctique:

« Notre culture et notre mode de vie sont attaqués. Les animaux, les oiseaux et les poissons dont nous dépendons pour notre survie culturelle sont de plus en plus sous pression. Nous sommes inquiets pour notre sécurité alimentaire. »

Crédit photo : notre-planete.info