Lutte contre la corruption au Cameroun : la CONAC présente son rapport officiel 2020

Lutte contre la corruption au Cameroun : la CONAC présente son rapport officiel 2020

septembre 30, 2021 0 Par MBOLO Team

Comment lutter contre la corruption au Cameroun ? Est-ce possible en l’état actuel des choses ? Ces questions valent leur pesant d’or vis-à-vis d’un fléau qui tend à s’imposer dans toutes les sphères de la société camerounaise comme la norme. Toutefois, la Commission Nationale Anti-corruption (CONAC) n’a pas encore baissé les bras comme l’atteste sa dernière sortie officielle, le 23 Septembre dernier au Palais des Congrès de Yaoundé, devant les députés de la Nation parmi lesquels, l’Honorable Cabral Libii.

En effet, le Rev. Dr. Dieudonné Massi Gams, président de la CONAC, a présenté le rapport 2020 de son organisation, qui porte évidemment, sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun.

Cette sortie intervient au lendemain de la présentation des avancées de la lutte contre la corruption au cours de la session plénière de Mars 2021. Et comme on peut le constater en parcourant le site officiel de cette institution, la CONAC interagit au jour le jour avec divers acteurs qui ont un impact non négligeable sur le fonctionnement de notre pays et par conséquent sur les interactions entre les différentes parties qui y évoluent. L’une des dernières problématiques soulevée avait notamment trait au pouvoir législatif, l’un des piliers de la lutte contre la corruption au Cameroun.

Ainsi, c’est sans doute dans ce ciage que d’autres institutions camerounaises contribuent à leur niveau dans la lutte contre ce fléau. Seulement, à travers le propos du président de la CONAC, nous constatons que deux tendances se dégagent quant-à la contribution de ce type d’organisme dans la lutte contre la corruption au Cameroun en 2020.

Aussi, il faut noter qu’au cours de cette même année, la CONAC a mené des activités de prévention, de communication, de formation, de coopération et d’investigation dont les chiffres et les statistiques ont été mentionnés  dans ce rapport sur une dizaine de pages.

De plus, la CONAC estime que pour une sortie véritable de ce mal de notre société, il faut que les coupables soient punis au vu et au su de tout le monde car, dit-elle, « ce qui ne t’appartient pas, n’y touche pas » ou «  ce qui ne nous appartient pas, n’y touchons pas » ; nous devons le savoir et nos enfants aussi.

Toutefois, certains estiment que des préalables sont nécessaires avant de penser pouvoir lutter efficacement contre cette gangrène. C’est par exemple le cas de l’Honorable Cabral Libii, député à l’Assemblée Nationale du Cameroun, qui a également donné son point de vue au micro de Mbolo Cameroon.

Rev. Dr. Dieudonné Massi Gams

Rev. Dr. Dieudonné Massi Gams (en tenue de couleur bleu sur cette photo)

«  L’année 2020 qui constitue la période  de référence du rapport qui est rendu public ce jour a été une année difficile pour l’humanité, comme nous le savons tous, du fait de la pandémie à covid-19. Au rang des effets dévastateurs de cette maladie dans notre pays, il convient de relever la distanciation sociale et le ralentissement des activités de nos administrations. (…) »

Baisse des contributions

« C’est ce contexte qui explique sans doute la diminution du nombre de contributions reçues  pour l’élaboration de ce rapport. En effet, alors que pour l’édition 2019, la CONAC  avait reçu au total 98 contributions externes, ce nombre est passé à 65 en 2020. Cela présente une baisse de 33 contributions en valeur absolue et de 33,67% en valeur relative.  La baisse  ainsi observée concerne  certaines juridictions, certains départements ministériels, certaines entreprises publiques, ainsi que la Société Civile.

S’agissant des juridictions, l’on est passé de 19 contributions en 2019 à 11 en 2020. De même, 25 départements ministériels nous ont fait parvenir leurs contributions pour le présent Rapport, contre 31 en 2019. Pour ce qui est des entreprises publiques, la CONAC a reçu 17 contributions contre 27 en 2020, soit un gap de 10. En ce qui concerne la société civile, l’on est passé de 09 à 08 contributions, soit un gap d’une association. (…) »

Cas particulier pour les confessions religieuses

« (…) Dans le même ordre d’idées, nous relevons avec satisfaction que quelques confessions religieuses qui ne nous avaient pas fait parvenir  leurs contributions depuis quelques années ont pris  une part active à la lutte contre la corruption en 2020. On trouvera  dans ce rapport la synthèse des activités des commissions diocésaines Justice et Paix de la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun et du Club d’Intégrité de l’Université Protestante d’Afrique Centrale (UPAC). Il demeure néanmoins préoccupant que l’apport de la majorité des églises légales et la Communauté  Islamique dans la lutte  contre la corruption est encore faible dans notre pays »

Cabral Libii, député à l’Assemblée nationale du Cameroun 

Cabral Libii, député à l’Assemblée nationale du Cameroun

« Les propositions de mon point de vue ne sont pas bien compliquées. Première chose, il est difficile de lutter  contre la corruption quand la précarité a envahi toute la société.  Vous demandez à des agents publics  qui reçoivent un salaire  qui ne leur permettent  pas de vivre à Yaoundé ou à Douala, vous  demandez à des gens qui tirent le diable par la queue d’avoir un rapport distant du bien public alors qu’en plus, ceux-là qui ne sont pas dans la précarité qui eux,  ne tirent pas en principe le diable par la queue, volent à ciel ouvert.

Le vol  ne commence pas par le gars que vous voyez dans la rue. Le vol commence  par le patron  du gars, le patron de son patron ainsi de suite. La plupart des personnes que l’opération épervier a attrapé ce ne sont pas  des voleurs à la tire, ce sont des gens qui ont volé des milliards de francs alors qu’avant  de les voler, ils étaient déjà réputés  suffisamment aisés.

Donc c’est une gangrène qui est systématique.  Un, il faut  quand même sortir  les gens de la précarité et puis de toute façon, c’est la rigueur de tout temps. Je suis d’accord avec le Pr Anou Kaha  lorsqu’il  disait : «  on ne peut pas éradiquer  la corruption. Evidemment, l’humain a le vice dans la peau ». Mais on peut effectivement la réduire de manière congrue et cela s’est vu ailleurs (…) »

Félix EYEBE © Mbolo Cameroon